industrie

Plan de redressement industriel

Les grandes lignes du rapport des experts


Le plan des experts pour le redressement et le sauvetage de l’industrie nationale sera bientôt rendu public par le département de Cherif Rahmani. La commission engagée dans cette œuvre vient de finir son rapport.
La nouveauté : le rapport sur le redressement industriel a été réfléchi et rédigé par des experts autonomes algériens venus de plusieurs horizons. La démarche a été faite en trois temps. La première phase a été consacrée à l’établissement d’un état des lieux chiffré de la situation actuelle de l’industrie nationale. «Le constat est simple : l’industrie nationale souffre d’une crise tant au niveau du privé qu’au niveau du secteur public», nous dira un expert, membre de la commission chargée de réfléchir sur le redressement de l’industrie nationale. Les experts mobilisés pour cette œuvre n’ont pas fait de cadeau à l’actuel gouvernement. Leur verdict est sans appel ; la crise de l’industrie nationale se traduit dans la baisse de la contribution de ce secteur au PIB. Le taux est passé de 16% dans les années 1970 et 1980 à 4,5% actuellement.

Plus grave encore, le pays n’investit plus. Et les capacités de production installées sont utilisées à hauteur de 50% seulement. Ce constat, à lui seul, suffit pour caricaturer la détresse dans laquelle s’était embourbée l’industrie nationale. La seconde partie du rapport établi par les experts propose des pistes de sortie de crise. Le rapport ne suggère pas au gouvernement d’y aller par quatre chemins pour parvenir à redresser le navire. «Stopper la dégradation, faciliter l’investissement, mobiliser l’entreprise pour améliorer la production pour substituer aux importations.» Ce sont en fait les «maîtres mots» du rapport de ladite commission, qui balisent la voie à l’opération de redressement industriel. Pour ce faire, le mécanisme est simple : «Il y a une demande à la production industrielle. Donc, un marché qui existe d’ores et déjà.

Il faut maintenant passer à la vitesse supérieure, augmenter les capacités de production pour répondre à cette demande et œuvrer, par la même, à réduire les importations sans perdre de vue l’ambition de l’exportation.» Telle est la recommandation-clé du rapport des experts remis au ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Cherif Rahmani. «Mais il faut que l’Etat prenne un peu de recul dans le domaine du commerce extérieur et du libre-échange», une condition sine qua non pour voir enfin le «made in Algeria» reprendre des couleurs. L’industrie aussi. «Il faut aller vers une stratégie de préférence nationale et d’encouragement à l’investissement en s’attaquant à toutes les contraintes auxquelles sont confrontés les producteurs nationaux, dont le casse-tête du foncier et du financement bancaire», nous explique notre source.

Il est également recommandé de reconstruire les collectifs de producteurs qualifiés en s’investissant davantage dans la formation et son adaptation au marché du travail. Est-ce qu’on change de stratégie ? Pour les experts ayant réfléchi le plan du redressement industriel, «le choix des branches stratégiques des années 1970 est bon». L’effort doit être consenti sur les mêmes leviers de croissance pour réussir l’œuvre de réindustrialisation (la mécanique, la sidérurgie, les matériaux de construction, l’électronique, etc.) préconise la commission. Il faut ensuite reprendre les réformes de l’économie de marché pour une meilleure autonomie de l’entreprise. Les solutions techniques sont ainsi sur la table de Cherif Rahmani. Au gouvernement maintenant d’apporter la réponse politique. 

 

Source: El Watan

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La filière agroalimentaire à la recherche de partenariats

Programme de renforcement des capacités des Pays Arabes

Avec un volume avoisinant 40% du produit intérieur brut (PIB) et 1,6 million d’emplois assurés, la branche agroalimentaire a de quoi bien se porter. Les acteurs de la filière se concertent dans le cadre du programme EnACT qui regroupe l’Algérie, l’Égypte, la Jordanie, le Maroc et la Tunisie.

En réunissant, hier, des entreprises des cinq pays membres de l’EnACT, le Centre du commerce international a ouvert le débat sur les opportunités d’échanges et de partenariats. C’est dans cet esprit que se tient le forum régional. Il offre aux entreprises activant dans le domaine de l’agroalimentaire d’explorer la possibilité d’étendre leur champ d’intervention et de se laisser tenter par de nouveaux marchés.
Le secrétaire général du ministère du Commerce, présent à cette rencontre, a rappelé que le programme EnAct de renforcement des capacités commerciales des pays arabes permettra d’examiner toutes les possibilités de partenariat rappelant qu’il était un exemple de  coopération réussi au niveau. Le Canada, qui soutient cette initiative, a, par la voix de son ambassadeur, rappelé tous les avantages qu’offre le programme en question, soulignant toutes les opportunités qui peuvent être saisies puisque le Canada a des besoins en matière de fruits et de légumes, par exemple, sachant que la production au Canada n’est possible que pendant quelques mois à cause du climat.
L’ambassadeur du Canada croit en une possibilité de l’accroissement du partenariat avec les pays de la région Mena. Depuis l’Algérie, le Canada importe déjà des eaux minérales, du sucre, des dattes et des vins et n’écarte pas la possibilité de rallonger cette liste.
Les participants au forum régional ont, quant à eux, eu deux jours pour prendre connaissance des opportunités qui s’offrent à eux à travers des discussions concrètes et pratiques notamment au sujet de la possibilité de nouer un partenariat avec la Turquie en tant que hub régional pour la promotion des exportations vers les pays d’Asie centrale. Ils ont également pris part à un atelier sur l’adaptation des produits et le marketing des produits agroalimentaires pour l’exportation vers le marché nord-américain.

 

Source : Le Soir d’Algérie

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Coopération Algéro-qatarie

Création d’une société mixte de sidérurgie

L’Algérie et le Qatar ont paraphé, hier, un accord pour la création d’une société mixte de sidérurgie.

L’annonce a été faite hier par le ministre qatari de l’Economie et des Finances, Youcef Hussein Kamel, en visite à Alger à l’occasion de la tenue des travaux de la commission bilatérale algéro-qatarie. Il y a lieu de rappeler qu’un mémorandum d’entente avait été signé entre les deux pays, début juillet dernier, pour la réalisation d’un complexe sidérurgique dans la zone industrielle de Bellara, à Jijel, d’une capacité globale de 5 millions de tonnes/an. Le document avait été signé par le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, et le ministre qatari de l’Economie et des Finances. Au départ, le futur complexe sidérurgique de Bellara produira 2,5 millions de tonnes d’acier/an, avant de passer à 5 millions de tonnes/an.

L’usine en question fabriquera notamment de l’acier plat et des aciers spéciaux qui serviront à développer l’industrie du rail en Algérie. Notons que la demande algérienne en produits sidérurgiques est de 5 millions de tonnes/an. Le pays en importe chaque année l’équivalent de 10 milliards de dollars, soit près de 20% de sa facture d’importation globale.
Pour ce qui est du partenaire qatari, les spécialistes affirment que, comparée à d’autres sociétés d’acier, l’avantage de Qatar Steel consiste dans le fait que ses pôles de production sont basés sur la réduction directe, qui utilise des énergies plus propres.
Pour Réda Amrani, consultant en économie industrielle et expert en sidérurgie, ce futur complexe devrait permettre, entre autres, de «résorber le déficit actuel en produits de sidérurgie, renouveler les gazoducs et développer le rail».

L’expert, qui regrette que l’Algérie n’ait pu développer toute seule son industrie sidérurgique dans les années 1980, pense que «le partenaire qatari est tout de même en mesure d’apporter un plus au savoir-faire algérien dans ce domaine, notamment pour ce qui est de la modernité des équipements, mais surtout de la commercialisation et du marketing». A ce propos, M. Amrani fait remarquer que l’industrie sidérurgique algérienne est aujourd’hui condamnée à «diversifier sa gamme de production», en ce sens que le marché international est caractérisé, dans ce domaine, par «les transactions et l’échange de gammes de produits». Côté emploi, l’expert affirme que «le complexe de Bellara peut assurer jusqu’à 4000 emplois et n’aura pas de difficulté à trouver une main-d’œuvre spécialisée, disponible en abondance sur le marché national».

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Algérie, histoire d’un gâchis économique

Malgré l’énorme potentiel du pays, les gouvernements successifs n’ont pas réussi à adopter une économie basée sur la productivité qui serait profitable à la population.

Par Hakima Kernane
Au lendemain de l’indépendance, l’Algérie a fait le choix d’une économie étatisée… En 1962, le pays manquait de tout. Le pays connaissait des déficits énormes en matière de ressources financières, d’accès à l’éducation et à la santé. Les conditions de vie des Algériens étaient très rudimentaires, ce qui a conduit le gouvernement à s’engager dans une politique économique centralisée – basée sur un système socialiste et axée sur le développement du tissu industriel et le secteur agricole – afin de garantir un traitement équitable aux Algériens. Une chose est sûre, le pays a réalisé des progrès socio-économiques indéniables et des avancées notables dans la généralisation de l’accès aux soins de santé, la démocratisation de l’enseignement ainsi que la diminution de la pauvreté.

Dès 1966, des programmes de développement de l’industrie ont été lancés et poursuivis jusqu’au grand choc pétrolier de 1986. Cette période a vu naître des entreprises publiques florissantes opérant dans le secteur de l’industrie (mécanique, métallurgiques, électroniques, électrotechniques, etc.), qui ont contribué à l’augmentation de l’apport du secteur au Produit intérieur brut (PIB). L’État algérien a aussi procédé à la nationalisation des secteurs clés comme les hydrocarbures. Néanmoins, la chute brutale des revenus des hydrocarbures a eu des conséquences dramatiques. En 1989, l’Algérie était au bord de l’asphyxie financière. « La désindustrialisation des années 1980 et 1990 a entamé une chute de la croissance et gonflé la dette publique », explique l’économiste M. Bouzidi.

Le marasme économique se poursuit pendant la décennie 1990-2000, où le pays a connu une crise sans précédent : terrorisme sanglant et meurtrier, isolement diplomatique lourd à l’échelle internationale, dysfonctionnement profond au niveau des institutions ainsi que des ressources financières très limitées, voire quasi nulles. Comment remettre le pays sur pied ? Incontestablement, la priorité était le rétablissement de la sécurité intérieure. Selon Abderrahmane Mebtoul, professeur des universités en management stratégique, les années 1994-2000 étaient consacrées essentiellement à « la stabilisation politique après une décennie tragique ».

Les années 2000 à 2010 sont celles du rétablissement graduel de la sécurité et du retour progressif de la diplomatie algérienne sur la scène régionale et internationale. Au plan économique, profitant de l’augmentation du prix du pétrole, l’Algérie a commencé à se constituer des réserves de changes de plus en plus importantes. Selon M. Mebtoul, les années 2004-2009 devaient être consacrées « à la relance économique, notamment à travers une production et une exportation hors hydrocarbures ». Mais, malgré une assez forte croissance hors hydrocarbures de 5,3 %, même si cette dernière est tirée essentiellement par la dépense publique – notamment dans les domaines du BTP et de la construction –, le gouvernement n’a pas orienté sa politique économique sur la transformation structurelle profonde recommandée par les institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale (BM), ainsi que par les experts économiques et financiers algériens et étrangers.

Peut-on dire pour autant que c’est un gâchis économique ? Une chose est sûre, le bilan économique algérien est mitigé. Les gouvernements successifs du président Abdelaziz Bouteflika ont lancé d’ambitieux programmes de construction des infrastructures de base durant les deux plans quinquennaux de 2005 et de 2009. Le secteur du logement, en crise depuis des décennies, a bénéficié d’un programme de construction d’un million de logements pour lequel le gouvernement a consacré une enveloppe budgétaire de 18 milliards de dollars. Même si les chantiers sont visibles dans les grandes agglomérations, une partie de la population algérienne vit encore dans des conditions des plus rudimentaires. Pour les cinq années à venir, une enveloppe de 60 milliards de dollars sera consacrée à la construction de 2,4 millions de logements. En dépit de cela, mécontentements et clientélisme mettent un frein à une distribution plus équitable en faveur des familles les plus défavorisées, empêchant ainsi une évolution positive des conditions de vie de millions d’Algériens.

Le secteur des transports a mis en route de nombreux projets visant la modernisation et la diversification des modes de transports : tramways, téléphériques, métros, réseau ferroviaire… Ce dernier, par exemple, qui a bénéficié d’un budget de 15 milliards de dollars, n’a pas été rénové et modernisé malgré la demande du ministère de tutelle.

Les usagers mettent en cause la mauvaise gestion des gares, leur état de délabrement et la détérioration continue des voies. Certes, certains programmes ont vu le jour, comme le métro d’Alger (après trente ans d’attente et de nombreuses rallonges budgétaires), les tramways ainsi que la modernisation de certaines lignes ferroviaires à 160 km/h ont permis de faciliter les déplacements quotidiens.

Le ministère des Travaux publics a bénéficié d’un budget colossal pour la construction des routes, des rocades, des viaducs ainsi que des ouvrages d’art sur tout le territoire national. L’autoroute Est/Ouest de 927 km, considérée comme le plus grand chantier de l’Algérie contemporaine, non encore achevée mais tachée de scandales de corruption et de détournements de fonds, a nécessité des rallonges budgétaires au fil de l’avancement des travaux. Estimée au départ à 7 milliards de dollars, elle a atteint 12 milliards. Situation qui intrigue les spécialistes qui considèrent que cette réalisation est des plus coûteuses au monde (8 millions de $ au km alors que le prix est de 6 millions équipements compris). La presse algérienne a d’ailleurs largement commenté les faits de corruption et de pots-de-vin dont font l’objet de hauts responsables du ministère de tutelle, dont le secrétaire général Mohamed Benchama, le directeur du cabinet du ministre Amar Ghoul ainsi qu’un colonel du Département du renseignement et de la sûreté de l’armée (DRS).

Le secteur des ressources en eau n’est pas en reste. Il y a dix ans, la population algérienne, y compris dans la capitale, était privée d’eau courante pendant des jours… La situation a bien évolué, notamment grâce à l’octroi de 25 milliards de dollars au département d’Abdelmalek Sellal, ministre des Ressources en eau. En effet, 13 stations de dessalement d’eau de mer, des unités de traitement des eaux usées ainsi que la construction de grands barrages sont en cours de construction (dont quelques programmes déjà livrés). Malgré les avancées enregistrées dans ce secteur, de grandes négligences ont été constatées, après réalisation, dont la plus significative concerne le grand barrage de Ben Haroun, lequel menacerait, selon certains spécialistes, le secteur de la ville de l’est du pays Mila (problèmes techniques et risques de débordements).

Alors que le pays débloque d’énormes sommes pour la construction d’infrastructures de base dont il a grandement besoin, les imperfections, les négligences, les retards et les rallonges budgétaires remettent en question la crédibilité, la compétence et la rigueur de très hauts responsables politiques et économiques algériens.

Corruption et incompétence. « Nos gestionnaires sont corrompus en plus d’être incompétents. Tous les projets se font à l’aveuglette, rien n’est sérieusement étudié, ça traîne, et l’argent s’en va sans que rien ne soit réalisé, et cela dans presque tous les secteurs. Hormis le peuple, tout le monde semble trouver son compte, à tous les niveaux », affirme N. S, journaliste dans la presse écrite depuis une vingtaine d’années. De son côté, Hacène, salarié dans une entreprise d’assurance, nous dit : « Les Algériens sont très attentifs à la réalisation des infrastructures, mais comparativement aux sommes dépensées, de grands gâchis sont constatés et des imperfections sont dénoncées par la presse. Je sais que nous sommes en mesure de nous en sortir économiquement à condition que les pouvoirs publics et les citoyens se mettent réellement au travail et arrêtent de courir dernière le gain facile. »

En sortant de sa décennie noire, le pays a sollicité l’assistance des institutions de Britten Woods (BM et FMI) pour entamer des réformes structurelles lui permettant d’aller vers l’économie de marché. En 2005, un accord de coopération a été conclu avec l’Union européenne (UE), mais l’Algérie peine à avoir l’aval pour son entrée au sein de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).

Les experts reprochent à l’Algérie le manque de transparence dans sa politique économique. La loi sur les hydrocarbures, votée en 2006 et revue en 2009, est critiquée par de nombreux spécialistes du secteur. Le ministre de l’Énergie et des Mines, Youssef Youssoufi, a clairement expliqué que cette loi ne favorise pas suffisamment les investissements souhaités par le groupe pétrolier Sonatrach.

Climat des affaires opaque. Il faut dire que malgré les appels des pouvoirs publics pour encourager l’investissement privé étranger, un climat des affaires opaque et contraignant freine l’émergence de partenariat gagnant et productif entre les opérateurs algériens et leurs partenaires étrangers. Selon la Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement (Cnuced), les Investissements directs étrangers ont baissé de 34%, principalement à cause de la règle d’actionnariat dite « 51/49 ».

Les experts expliquent que l’Algérie a retrouvé sa souveraineté financière en 2000. Les réformes engagées par les pouvoirs publics ont permis au pays de se désendetter et d’augmenter ses réserves de change (selon les prévisions du FMI, elles ont atteint 200 milliards de dollars en 2012 alors qu’elles étaient de 176 milliards en 2011). Ces dernières sont aujourd’hui placées en bonds de trésors et/ou auprès des banques. Aussi, faut-il le signaler, les banques algériennes connaissent une situation inédite de surliquidités. Les experts financiers appellent à une utilisation plus productive des réserves financières. Le professeur Mebtoul, dans une note publiée dans la presse, explique : « Dans les autres pays, les institutions financières se recapitalisent, les banques algériennes n’arrivent pas à transformer leur capital argent en capital productif. »

Pis encore, l’État dépense sans compter. Des sommes énormes sont consacrées à la relance et à l’achat de la paix sociale (augmentation des salaires, subventions étatiques élargies à d’autres produits de consommation de base ainsi qu’une explosion de la facture des importations) sans qu’il y ait une réduction de la dépendance à la commercialisation de l’or noir. En 2012, l’État algérien vit encore le syndrome hollandais et importe tout (y compris les produits alimentaires de base), alors qu’il devrait, grâce au Plan national de développement rural et agricole (PNDRA), auquel une enveloppe de 400 milliards de dinars a été attribuée entre 2000 et 2006, être en mesure d’assurer sa sécurité alimentaire.

La politique économique algérienne est critiquée par des experts économiques, car les objectifs de développement n’ont pas été atteints. Comme le confirme l’économiste Abdelhak Lamiri lors d’une intervention dans la presse : « Par rapport aux ressources utilisées et au potentiel dont dispose le pays, nous avons lamentablement échoué dans la construction d’un développement durable. »

L’absence de stratégie se caractérise aussi par la fébrilité et les hésitations dans l’instauration des réformes structurelles. Sinon, comment expliquer le blocage des réformes de secteurs clés comme la finance, l’audiovisuel et surtout, dans l’adoption des mesures qui favoriseraient le développement de l’investissement privé algérien et étranger. Le climat des affaires, freiné par des mesures protectionnistes est contesté par les opérateurs économiques. Alors que faire pour booster les investissements hors hydrocarbures ? Comment sortir le pays de son économie de rente ?

En 2012, l’Algérie, qui enregistre une croissance volatile, dépendante des recettes des hydrocarbures, est en phase de déclin industriel, de chute importante des investissements ainsi qu’une augmentation vertigineuse des importations (une facture de 46,45 milliards de dollars en 2010 contre 9 milliards en 2000). Pourtant, le pays dispose d’un parc industriel important datant des deux premières décennies de l’indépendance (ce dernier ne contribue qu’à hauteur de 6 % du PIB contre 12 % dans les années 1980). Même s’il est presque à l’arrêt et vieillissant, il demeure, néanmoins, à la portée des pouvoirs publics de le remettre sur les rails et de le redynamiser, d’autant que l’environnement macroéconomique est presque assaini, l’endettement quasi nul et qu’il bénéficie d’une assise financière plus que confortable. « L’industrie est un vecteur important pour réussir à s’intégrer à l’économie mondiale », explique à ce propos l’économiste algérien M. Benabdellah

L’entreprenariat algérien peine à décoller… La majorité des entreprises privées algériennes ne dépassent pas le stade de petites et moyennes entreprises (PME). 700 000 PME dont 95 % d’entreprises de moins de dix personnes et un chiffre d’affaires inférieur à 200 000 euros). On note également 15 PME pour 1 000 habitants, alors la moyenne dans les pays émergents est 50 à 60 PME pour 1 000 habitants. Pis encore, le seul groupe privé algérien qui réalise plus d’un milliard de dollars de chiffres d’affaires est le groupe Cévital dont le PDG, Isaad Rebrab, dénonce le blocage dont souffre l’entreprise algérienne privée dans son expansion et la diversification de ses activités. Existe-t-il une méfiance envers l’entreprise privée ?

Afin de débattre de la situation de l’économie et d’envisager des pistes permettant son essor, un symposium réunissant des experts, des cadres ainsi que chefs d’entreprises a été organisé récemment par le Forum des chefs d’entreprises (FCE) à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance. M. Réda Hamiani, le patron des patrons algériens, considère : « La rente pétrolière et la demande sociale nous mènent tout droit vers une impasse, si rien n’est fait d’ici à une vingtaine d’années pour diversifier l’économie. » De son côté, Zoubir Benhamouche, économiste et auteur de l’essai Algérie, l’impasse dresse un constat encore plus sévère : « L’économie algérienne est une économie rentière, son administration est bureaucratique, inefficace et corrompue…, les banques sont archaïques et le système d’éducation et de santé sont peu performants. »

« Diversifier les aides publiques ». Pour s’en sortir, cette même source évoque des pistes : « transformer le rôle économique de l’État, améliorer la qualité du système éducatif, couper le cordon de la rente pétrolière, diversifier la production et rationaliser les aides publiques ».

Hocine Malti, consultant pétrolier, ancien vice-président du groupe Sonatrach entre 1972 et 1975, et auteur du livre Histoire secrète du pétrole algérien, dans un entretien accordé au journal français Le Monde, a souligné : « Les membres du sérail ont accaparé la rente pétrolière et des pans entiers de l’économie, avec pour conséquence l’apparition puis l’extension de la corruption. Les luttes intestines auxquelles ils se sont livrés sont à l’origine de l’islamisme politique et de la guerre civile qui dure depuis vingt ans. »

La bureaucratie et la corruption gangrènent le développement socio-économique du pays. Les banques, par exemple, continuent de fonctionner comme des bureaux administratifs. « Lorsque la logique bureaucratique prévaut, la corruption n’est pas loin », explique l’économiste Abdelhak Lamiri au sujet des pratiques et des comportements néfastes évoluant au niveau des institutions en Algérie. Le mode de gouvernance est également ébranlé par des scandales de corruption et de détournements de fonds publics successifs. Tous les secteurs d’activités sont concernés par ces fléaux : les banques publiques ( BNA, CPA…), le groupe pétrolier public Sonatrach, l’Autoroute Est/Ouest, le secteur des ressources en eau…

Quelques sanctions ont été prononcées à l’encontre des personnes concernées, comme les principaux collaborateurs de Amar Ghoul pour le dossier de l’autoroute Est/Ouest, l’ex-PDG de Sonatrach Mohamed Meziane… Cela dit, en dépit, d’une politique de lutte contre la corruption annoncée par le président (comme la mise en œuvre de l’Office central de répression de la corruption dirigé par Abdelmalek Sayeh), la corruption prend une ampleur alarmante et entache la crédibilité des pouvoirs politiques et économiques du pays. Dans le classement annuel de Transparence International sur la perception de la corruption, l’Algérie occupait, en 2011, la 112e place sur 183 !

Le chômage des jeunes est le talon d’Achille qui déstabilise et remet en cause la crédibilité du pouvoir politique en place. La politique engagée dans ce sens n’a pas permis de le résorber, le taux officiel avoisine 10 % (alors que d’autres sources font état de 30 %). Dans un autre registre, malgré les efforts considérables consentis dans la construction d’un million et demi de logements, une grande partie de la population continue de vivre dans des conditions de pauvreté, écartée de la société et oubliée du pouvoir politique. « L’Algérie est un pays riche avec une population pauvre », résume Tarik Ghezali dans Un rêve algérien, chronique d’un changement attendu.

Selon les économistes, cette situation de mal-vie a favorisé le déploiement du commerce parallèle qui représente 40 % des activités commerciales et dont les pratiques sont désastreuses pour le pays : pas de TVA, pas de factures, travail au noir ainsi qu’absence totale de transparence dans les transactions commerciales. À ce sujet, Réda Hamiani explique que « l’informel est la solution algérienne pour lutter contre la bureaucratie ».

« À trop vouloir protéger les lobbies, les pouvoirs publics algériens risquent de plonger encore le pays dans l’instabilité pour plusieurs années. La situation de malaise, voire de rupture, entre le pouvoir – sous toutes ses formes – et une grande partie de la population, en particulier la jeunesse algérienne, engendre un risque d’implosion permanent », explique Zoubir Hamamouche.

Pour sortir de la crise, il recommande de « rendre la légitimité populaire aux institutions ». De son côté, le professeur Mebtoul déclare : « la réelle transition permettant à l’Algérie de se hisser au niveau des nations développées suppose un profond réaménagement des structures du pouvoir afin de concilier l’efficacité économique avec une profonde justice sociale ».

« L’assistanat est une maladie en Algérie, et touche tout le monde, du petit jeune sans emploi au grand responsable qui fournit peu d’efforts productifs contre un grand salaire et de grands privilèges », commente Hamid, professeur de français dans un lycée.

Selon le quotidien national El Watan, dans son édition du 16 juin 2012, 500 milliards de dollars ont été consacrées à la relance économique par les gouvernements successifs de Bouteflika depuis son élection. Une politique économique démunie de stratégie et de visibilité, qui a conduit à un échec collectif. Affaire à suivre…

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Industrie nationale : mise en place d’un comité de réflexion

Le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, Cherif Rahmani, a mis en place un comité de réflexion chargées d’élaborer un programme de redressement de l’industrie nationale, apprend-on auprès des membres de ce comité.
Celui-ci est composé de chefs d’entreprise, de cadres supérieurs du ministère, d’un représentant du ministère des Finances, des directeurs généraux de l’ANDI et de l’Aniref. Des universitaires et des experts de renom font également partie de ce conglomérat ; l’on peut citer, entres autres, Abdelmadjid Bouzidi, Abdelhak Lamiri, Hocine Benissad, Abdelmalek Serrai et Mohamed Cherif Belmihoub. Aussitôt installé, ce comité mixte a déjà engagé un travail de diagnostic avant d’élaborer une série de mesures concrètes destinées, dans l’ensemble, à permettre un décollage de l’appareil industriel. Après validation, ce programme de redressement fera partie intégrante du plan d’action du gouvernement. «Le pays s’est désindustrialisé. Maintenant, il faut faire redémarrer l’appareil industriel. Il existe un potentiel national important. Le but est de le remettre en marche avec une perspective nouvelle», estime-t-on encore.

Il s’agit surtout de conquérir le marché national en diminuant le volume des importations, de faciliter les procédures d’investissement industriel en direction du privé national et étranger, et de reconstruire la ressource humaine. Ce plan, insiste-on, sera aux antipodes des politiques engagées dans le secteur comme celle de l’ex-ministre Abdelhamid Temmar. L’industrie nationale, aujourd’hui maillon faible de l’économie algérienne, est passée en 20 ans de 18% du PIB à 5%. Les différents gouvernements ont injecté des sommes astronomiques sans pour autant pouvoir redresser un secteur en constante désintégration.

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Effacement des Dettes des PMEs, Mesure Obsolète

Présenté comme une bouffée d’oxygène pour les petites et moyennes entreprises (PME), le rééchelonnement des dettes de ces dernières s’est finalement heurté à des contraintes bureaucratiques. Ce n’est ni plus ni moins qu’une révision du programme de mise à niveau des PME qui est préconisée par le président du Conseil national consultatif de la PME. Le constat est le même depuis plusieurs années : la performance des PME est discutable. Une réalité réaffirmée hier par Zaïm Bensaci, le président du Conseil consultatif des PME, pour qui le programme de mise à niveau des PME doit être revu avec la perspective de rendre les petites entreprises plus attractives.
Critique, il estime que le rééchelonnement des dettes fiscales et bancaires des PME est une décision saluée mais qui est devenue rapidement «obsolète» en raison des barrières bureaucratiques. Résultat : un secteur qu’il dit délaissé et un recours abusif à l’import-import. Zaïm Bensaci dit avoir froid dans le dos lorsqu’il pense aux 50 milliards de dollars d’importations algériennes, notamment les 4 milliards de dollars d’unités industrielles relevant de la sous-traitance au moment où les PME algériennes sont capables de répondre à ces besoins. Pour Zaïm Bensaci, ces importations n’ont fait que produire du chômage. Il fait état de l’existence de 300 PME algériennes activant dans la seule sous-traitance mécanique, alors que les chiffres du ministère de l’Industrie et de la PME parlent de plus de 600 entreprises de sous-traitance activant actuellement sur le marché. Constat tout aussi sévère pour le recours aux services qui coûtent quelque 14 milliards de dollars par an, notamment à cause du recours à des bureaux d’études étrangers qui, dit-il, «se font un argent fou au moment où les bureaux d’études algériens peinent à se placer sur le marché», a-t-il regretté. Optimiste, Bensaci considère que l’objectif tracé par l’Algérie de créer 2 millions de PME à l’horizon 2025, contre 650 000 actuellement, est réalisable à une condition : casser le cercle le l’import- import qui caractérise l’économie nationale.
De sa récente rencontre avec le nouveau ministre de l’Industrie, Bensaci se montre plutôt satisfait saluant le plan d’action du ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement qui prévoit d’atteindre plus d’un million de PME en 2015, 1,34 million de PME en 2020 et 2 millions de PME à l’horizon 2025.

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ALGÉRIE-KOWEÏT Société mixte de production de médicaments anticancéreux

L’industrie pharmaceutique algérienne a fait son entrée dans le monde de la production de médicaments anticancéreux suite à la signature hier à Alger, d’un contrat portant création d’une société mixte algéro-koweïtienne. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, présent à la cérémonie de signature, a affirmé que ce projet a pu voir le jour grâce aux efforts des deux parties, précisant qu’«il répondra partiellement aux besoins nationaux en matière de médicaments contre le cancer».

Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelaziz Ziari, a qualifié, lui, l’industrie pharmaceutique nationale de «stratégique », relevant les perturbations auxquelles a été confronté le marché national ces dernières années. La solution réside dans l’intérêt à accorder au «développement de l’industrie locale», a-t-il tenu à dire. Pour sa part, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, a affirmé que l’industrie algérienne «est appelée à connaître
un nouveau souffle», rappelant que le partenariat algéro-koweïtien a été marqué par «une nouvelle dynamique ces dernières années».

Le ministre de l’Industrie, des Petites et Moyennes entreprises et la Promotion de l’investissement, Cherif Rahmani, a, quant à lui, qualifié l’industrie pharmaceutique nationale de «secteur prometteur», relevant le coût élevé de la facture d’importation. Il a souhaité à ce propos que le projet de partenariat algéro-koweïtien parvienne à la réduire. Par ailleurs, le président-directeur général du groupe Saidal, Boumediene Derkaoui, a rappelé que le projet algéro-koweïtien de production de médicaments contre le cancer renforcera le marché national, soulignant que le conseil scientifique du groupe a recensé 17 types de médicaments sans pour autant fixer les marques.

Les ressources humaines sont disponibles et ne requièrent qu’une formation supplémentaire pour une bonne maîtrise du projet, a-t-il encore dit avant de qualifier le projet de «stratégique» pour le secteur de la santé. Le vice-président de la société koweïtienne  signataire du contrat, Messaoud Hayat, a rappelé la présence de la société en Algérie depuis 2003, affirmant que l’expérience koweïtienne dans tous les domaines a été favorablement accueillie par le gouvernement algérien. Le partenariat algéro-koweïtien s’est élargi ces dernières années pour englober d’autres secteurs dont celui des banques, des assurances et de la communication.
Des négociations sont en cours pour la réalisation d’entreprises de leasing.

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