Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, insiste sur la voie du dialogue pour arriver à convaincre les partenaires des pays exportateurs que le gaz fait partie de la solution durable, car il s’agit d’une matière première indispensable pour le développement économique et social et pour la sécurité alimentaire.
Dans une conférence de presse conjointe tenue samedi à l’issue du 7e Sommet des pays exportateurs de gaz, le secrétaire général du GECF, Mohamed Hamel, et le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, ont qualifié de «grand succès» les travaux et l’esprit de solidarité ayant prévalu pour aboutir au texte de la Déclaration d’Alger.
Ce dernier, qui est un véritable plaidoyer pour la défense des droits souverains des Etats membres sur leurs ressources en gaz naturel, a aussi pris un ton ferme et critique à l’égard des puissances économiques qui manipulent les marchés à leur guise et entravent les projets des pays membres du GECF menaçant leurs installations gazières transfrontalières. Ceci en sus de dénoncer les mesures de taxation à l’importation du gaz, ainsi que les sanctions prises à l’encontre de pays membres du GECF entravant leurs exportations.
Pour rappel, trois membres du Forum des pays exportateurs sont concernés par ces sanctions, à savoir la Russie, l’Iran et le Venezuela. «Les pays membres condamnent toutes les restrictions économiques prises de manière unilatérale à l’encontre des pays du GECF, car cela impacte négativement le marché du gaz et perturbe la chaîne d’approvisionnement et par là même menace la stabilité», a souligné Mohamed Hamel, réfutant toute contradiction entre cette position ferme et l’appui au dialogue permanent avec les pays consommateurs.
Et d’ajouter que les taxes européennes sur les prix du gaz sont incompatibles avec l’accord de Paris, qui respecte la souveraineté des pays sur leurs richesses.
Et au ministre algérien d’enchaîner en notant que pour les pays membres du GECF, «le gaz est la solution pour accompagner la transition énergétique et non pas le problème» comme le sous-entendent certaines justifications écologistes utilisées par des Etats pour manipuler le marché gazier. Mohamed Arkab estime que l’industrie du gaz appelle à beaucoup plus d’investissements, qui nécessitent des financements importants de plus en plus difficiles à trouver.
Et à la question de savoir vers où se tourner si l’Europe interdit cette ressource sur son sol, M. Arkab affirme, tout en soulignant les bons rapports de l’Algérie avec l’Europe : «Il n’y a pas que l’Europe, d’autres destinations pour le gaz naturel existent.» Il est nécessaire aujourd’hui, dit-il, de «protéger les installations gazières transfrontalières pour garantir la résilience de cette ressource et sécuriser l’approvisionnement pour l’avenir».
Mohamed Arkab insiste également sur la voie du dialogue pour arriver à convaincre les partenaires des pays exportateurs que le gaz fait partie de la solution durable, car il s’agit d’une matière première indispensable pour le développement économique et social et pour la sécurité alimentaire.
«Oui au dialogue, non à l’atteinte à la souveraineté des états»
«Nous avons abordé ces questions lors de nos discussions avec nos partenaires européens et nous avons trouvé un rapprochement des vues», affirme le ministre de l’Energie, en précisant que l’Algérie poursuit ses discussions avec ces mêmes partenaires sur la question des financements des projets d’investissement encouragés par la nouvelle loi sur les hydrocarbures.
Si les banques ne financent pas, dit-il, beaucoup d’entreprises sont disposées à le faire et à investir. Il rappelle que la présence au Sommet de l’Italie, au titre d’invité d’honneur, est un gage des bonnes relations avec les partenaires européens, à leur tête ce pays du sud du vieux continent et à travers lequel le gaz arrive à l’Europe (gazoduc Transmed d’une capacité de 32 milliards de mètres cubes par an) et bientôt l’hydrogène vert dans le cadre de l’accord signé avec l’Allemagne. «Sonatrach dispose d’une stratégie visant à diversifier ses partenaires en matière de financement (…).
L’Algérie compte lancer des investissements dans différents domaines du secteur des hydrocarbures pour un montant de 40 milliards de dollars, dont une majorité pour développer l’industrie du gaz. Nous sommes en discussions très avancées sur ces projets avec des majors importantes qui ont montré beaucoup d’intérêt», assure le même responsable.
Outre l’atout de l’Algérie de disposer de deux gazoducs desservant l’Europe en gaz, Mohamed Arkab  indique que même pour le marché du GNL, l’Algérie vise de nouveaux partenaires et destinations dont l’Asie. Sonatrach, en sus de l’exportation du gaz naturel via des gazoducs d’une capacité de 43 milliards de mètres cubes, œuvre à augmenter ses capacités en GNL.
La compagnie nationale «a exporté 30 millions de mètres cubes de GNL et dispose d’une capacité installée de 56 millions de mètres cubes à travers les quatre complexes GNL.
Nous avons signé des contrats et des engagements avec différents partenaires», assure le PDG de Sonatrach, Rachid Hachichi. «Nous pouvons réduire de 15% la consommation interne en évitant le gaspillage, et ce, sans toucher au confort des consommateurs», poursuit-il.
Tout en plaidant pour le renforcement des projets d’investissement pour augmenter les capacités de production du pays, Mohamed Arkab a indiqué qu’en matière d’exploration, «nous n’avons exploré que 47% de la zone totale d’exploration» disponible. Ceci et de noter que le projet de Gazoduc transsaharien reliant l’Algérie au Nigeria  est en bonne voie avec la réalisation d’une grande partie du trajet gazier.